Ca
locale de l'occitan.
La langue d'oïl est une langue gallo-romane qui s'est développée dans la partie nord de la France, le sud de la Belgique et les îles anglo-normandes. Elle englobe alors différents dialectes cousins (français, orléanais, bourguignon-morvandiau, champenois, lorrain roman, picard, wallon, normand, gallo, angevin, tourangeau, sarthois, mayennais, percheron, franc-comtois, poitevin, saintongeais, berrichon, bourbonnais). Ce groupe linguistique du nord a conservé un important substrat celtique et subi une grande influence des parlers germaniques. D'un dialecte d'oïl à l'autre, on parvient à se comprendre grâce à l'écrit administratif. A Paris (aux XIe-XIIe siècles), on parle un français « poreux » à tous ces dialectes, qui devient une référence linguistique au XIVe siècle, parce que la ville est désormais la capitale politique et administrative du royaume.
CArte du domaine d'oïl, découpage territorial des langues d'oïl. Auteur : Lyokoï, Wiktionnaire. © Wikimedia Commons, domaine public.
La progression de la langue française dans le royaume de France
Le français est la langue « vulgaire » (vivante) médiévale qui connait sa plus forte expansion hors de son territoire d'origine, le domaine d'oïl. La première « exportation » du français est consécutive à la conquête normande de l'Angleterre en 1066 : une variante cousine du français, l'anglo-normand, s'implante dans les îles britanniques. Alors que le clergé du royaume perpétue les habitudes latines, dans les années 1230-1240, la pratique du français se diffuse dans les actes juridiques et administratifs établis par les ducs de Lorraine et les comtes de Luxembourg. Dans le royaume de France, les ducs de Champagne et de Bourgogne (grands fiefs vassaux du roi) commencent à l'utiliser. Le français pénètre dans le duché de Bretagne au cours des années 1250 à 1280 ; il se diffuse dès le milieu du XIIIe siècle en Flandre. Par contre, le centre et l'ouest du domaine d'oïl restent très fidèles au latin durant tout le XIIIe siècle.
Le français, lorsqu'il devient la langue privilégiée par le roi, va se substituer progressivement aux autres langues vernaculaires du royaume. Dans la France méridionale romane, la langue française pénètre assez lentement : introduite vers 1250 dans le Dauphiné, elle déborde sur les terres de l’Empire germanique dès la fin du XIIIe siècle (Suisse romande, Savoie et Val d'Aoste) et s'impose à Lyon au XVe siècle. Dans le domaine d'oc, la pénétration du français juridique ne débute pas avec la croisade des Albigeois. Elle est tardive et progressive : présent après 1350 en Auvergne et Limousin, le français s'impose dans le Languedoc et en Provence après 1450. Au début du XVIe siècle, seuls les Pyrénées maintiennent une production écrite exclusivement en langue occitane ; cependant dans le domaine d'oc, le rôle de la langue du roi est encore limité car le latin et les langues vernaculaires locales coexistent avec le français écrit.
Au XIVe siècle, le français devient la langue de l'administration royale au niveau local des bailliages et des sénéchaussées, puis au niveau central de la Chancellerie et du Parlement, jusqu'à supplanter le latin après l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539. 40 % des mots figurant dans nos dictionnaires, ont été forgés entre le XIVe et le XVIe siècle : c'est la période du « moyen français ». L'émergence d'une forme linguistique standardisée, le français actuel, ne s'effectue pas avant le XVIIe siècle, avec la création de l’Académie Française.
Une France métropolitaine multilingue
La France d'aujourd'hui est largement multilingue grâce à son patrimoine linguistique exceptionnel, composé de cinq langues romanes (domaine d'oïl, occitan, catalan, franco-provençal et corse), de trois langues germaniques (alsacien, francique et flamand occidental), d'une langue celtique (breton) et d'une langue pré-indoeuropéenne (basque). Sans compter les langues créoles à base lexicale française (Amérique, Antilles, Océan Indien, Pacifique) et toutes les langues de l'immigration !
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